Dessin de Shelomo Selinger
Jacques Altmann,
un adolescent hors du commun
Jacques Altmann est né le 3 mars 1923, à Elberfeld en Allemagne d'un père d'origine polonaise et d'une mère allemande qui immigrent en France après la Première Guerre Mondiale. Il est l'aîné d'une fratrie de cinq frères. La famille Altmann est juive. Le grand-père de Jacques Altmann sera pendu par les soldats polonais en 1939.
Sa famille s'installe à Romainville, en banlieue parisienne en 1936. Jacques Altmann est très sportif : il pratique la boxe et le vélo.
En 1941, âgé de 18 ans, Jacques Altman arrache des affiches collées par les gendarmes sur la vitrine du magasin de son père qui exerce le métier de tailleur. Sur ces affiches, on pouvait lire : « N’achetez rien aux Juifs ». Ce geste provoque une violente bagarre avec un homme, un collaborateur qui, par la suite, a porté plainte. Jacques est alors arrêté par deux policiers français et conduit à la gendarmerie des Lilas, puis à la préfecture de police de Paris pour y être interrogé par les Allemands. Il y restera un certain temps. Un jour, on lui enlève ses menottes. Il en profite pour s'échapper en réussissant à voler un vélo qu'il trouve dans la cour de la préfecture. Il s'enfuit, roule au hasard, passe la nuit dans des abris de jardins publics dont il force la porte. Il finit par arriver à Sablé, dans la Sarthe, et cherche un endroit où dormir quand un gendarme lui demande ce qu'il fait sur un vélo portant l'inscription "PPP" (Préfecture de Police de Paris). Jacques Altmann, épuisé, lui raconte alors toute son histoire. Il apprendra par la suite que ce gendarme était le chef du réseau de résistance de la Sarthe. Cet homme l'héberge chez lui, à Nantes. Jacques Altmann parvient à se fondre dans la population grâce à de faux papiers établis au nom de Jacques Charrier. Il échappe ainsi aux nombreuses rafles. Il devint mécanicien et travaille pour la Résistance locale en volant de l’essence. Il nous a raconté une anecdote qui nous a fait sourire. Il avait alors des amies qui travaillaient à la Biscuiterie Lu et qui résistaient à leur manière. Quand elles préparaient une commande pour les nazis, elles urinaient dans la pâte à biscuit.
Mais en 1943, lors d'une sortie avec ses amis, il est arrêté par la Gestapo à Nantes. Jacques est torturé. On cherche à lui faire trahir le réseau de résistance auquel il appartient. Il finit par avouer qu’il est Juif. Jacques Altmann est alors emprisonné dans le camp de transit de Drancy (en région parisienne) au début de l'année 1943. Ses parents et ses frères ont été arrêtés en octobre 1942. Ils sont déportés à Auschwitz le 3 novembre 1942 où ils sont immédiatement gazés.
Le 10 février 1944, Jacques Altmann est à son tour déporté à Auschwitz par le convoi n°68. Il a la chance de ne pas être immédiatement sélectionné pour la mort. Il est alors affecté à la rampe de Birkenau et intègre le commando spécial chargé d'accueillir les convois : il décharge les valises des wagons, mais aussi les corps de ceux qui n'ont pas survécu au voyage... Dans le camp, il est témoin des pires horreurs, comme ces femmes et ces bébés jetés vivants dans des fosses. Un jour, alors qu'il travaille au tri des valises des déportés, il voit passer ses grands-parents maternels sur la rampe de sélection de Birkenau. Il sait ce qui les attend. Meurtri, il veut les rejoindre, mais ses amis l'en dissuadent. Et c'est impuissant et fou de douleur qu'il les regarde partir vers les chambres à gaz.
Peu de temps avant la libération du camp d'Auschwitz en janvier 1945, il est emporté de force dans une marche de la mort. Il fera 90 km à pieds. Il est ensuite interné au camp de Buchenwald. Jacques Altmann est libéré le 11 avril 1945. Il ne pèse alors que 38kg. Mourant, il est secouru et envoyé dans un hôpital où un soldat noir américain lui fait un don de sang qui va lui sauver la vie. Rétabli, il se met à la recherche du fils de son meilleur ami (juif) mort dans ses bras à Auschwitz. Lorsque tous deux ont été arrêtés, son ami venait d'apprendre que sa compagne attendait un enfant... Jacques Altmann parvient à retrouver la trace de cet enfant dont la mère, également résistante, a été exécutée par les nazis. L'enfant vit chez sa grand-mère maternelle qui semble contente de se débarrasser de cet enfant au sang juif. C'est alors une évidence pour Jacques Altmann qui adopte l'orphelin, l'élève et l'aime comme son propre fils (et qui lui donnera par la suite des petits-enfants).
A travers son émouvant témoignage, Jacques Altmann nous a fait passer un message de tolérance et de paix : « Que vous soyez Noirs, Jaunes ou autres, sachez aimer votre prochain ».
Nous avons tous été fortement touchés et impressionnés par la personnalité de ce monsieur qui, malgré son grand âge, possède un esprit vif et lucide sur le monde dans lequel nous vivons. Son récit de vie nous a tous captivés. Et c'est, bouleversés par cette rencontre, que nous quittons le Mémorial de la Shoah.
Sa famille s'installe à Romainville, en banlieue parisienne en 1936. Jacques Altmann est très sportif : il pratique la boxe et le vélo.
En 1941, âgé de 18 ans, Jacques Altman arrache des affiches collées par les gendarmes sur la vitrine du magasin de son père qui exerce le métier de tailleur. Sur ces affiches, on pouvait lire : « N’achetez rien aux Juifs ». Ce geste provoque une violente bagarre avec un homme, un collaborateur qui, par la suite, a porté plainte. Jacques est alors arrêté par deux policiers français et conduit à la gendarmerie des Lilas, puis à la préfecture de police de Paris pour y être interrogé par les Allemands. Il y restera un certain temps. Un jour, on lui enlève ses menottes. Il en profite pour s'échapper en réussissant à voler un vélo qu'il trouve dans la cour de la préfecture. Il s'enfuit, roule au hasard, passe la nuit dans des abris de jardins publics dont il force la porte. Il finit par arriver à Sablé, dans la Sarthe, et cherche un endroit où dormir quand un gendarme lui demande ce qu'il fait sur un vélo portant l'inscription "PPP" (Préfecture de Police de Paris). Jacques Altmann, épuisé, lui raconte alors toute son histoire. Il apprendra par la suite que ce gendarme était le chef du réseau de résistance de la Sarthe. Cet homme l'héberge chez lui, à Nantes. Jacques Altmann parvient à se fondre dans la population grâce à de faux papiers établis au nom de Jacques Charrier. Il échappe ainsi aux nombreuses rafles. Il devint mécanicien et travaille pour la Résistance locale en volant de l’essence. Il nous a raconté une anecdote qui nous a fait sourire. Il avait alors des amies qui travaillaient à la Biscuiterie Lu et qui résistaient à leur manière. Quand elles préparaient une commande pour les nazis, elles urinaient dans la pâte à biscuit.
Mais en 1943, lors d'une sortie avec ses amis, il est arrêté par la Gestapo à Nantes. Jacques est torturé. On cherche à lui faire trahir le réseau de résistance auquel il appartient. Il finit par avouer qu’il est Juif. Jacques Altmann est alors emprisonné dans le camp de transit de Drancy (en région parisienne) au début de l'année 1943. Ses parents et ses frères ont été arrêtés en octobre 1942. Ils sont déportés à Auschwitz le 3 novembre 1942 où ils sont immédiatement gazés.
Le 10 février 1944, Jacques Altmann est à son tour déporté à Auschwitz par le convoi n°68. Il a la chance de ne pas être immédiatement sélectionné pour la mort. Il est alors affecté à la rampe de Birkenau et intègre le commando spécial chargé d'accueillir les convois : il décharge les valises des wagons, mais aussi les corps de ceux qui n'ont pas survécu au voyage... Dans le camp, il est témoin des pires horreurs, comme ces femmes et ces bébés jetés vivants dans des fosses. Un jour, alors qu'il travaille au tri des valises des déportés, il voit passer ses grands-parents maternels sur la rampe de sélection de Birkenau. Il sait ce qui les attend. Meurtri, il veut les rejoindre, mais ses amis l'en dissuadent. Et c'est impuissant et fou de douleur qu'il les regarde partir vers les chambres à gaz.
Peu de temps avant la libération du camp d'Auschwitz en janvier 1945, il est emporté de force dans une marche de la mort. Il fera 90 km à pieds. Il est ensuite interné au camp de Buchenwald. Jacques Altmann est libéré le 11 avril 1945. Il ne pèse alors que 38kg. Mourant, il est secouru et envoyé dans un hôpital où un soldat noir américain lui fait un don de sang qui va lui sauver la vie. Rétabli, il se met à la recherche du fils de son meilleur ami (juif) mort dans ses bras à Auschwitz. Lorsque tous deux ont été arrêtés, son ami venait d'apprendre que sa compagne attendait un enfant... Jacques Altmann parvient à retrouver la trace de cet enfant dont la mère, également résistante, a été exécutée par les nazis. L'enfant vit chez sa grand-mère maternelle qui semble contente de se débarrasser de cet enfant au sang juif. C'est alors une évidence pour Jacques Altmann qui adopte l'orphelin, l'élève et l'aime comme son propre fils (et qui lui donnera par la suite des petits-enfants).
A travers son émouvant témoignage, Jacques Altmann nous a fait passer un message de tolérance et de paix : « Que vous soyez Noirs, Jaunes ou autres, sachez aimer votre prochain ».
Nous avons tous été fortement touchés et impressionnés par la personnalité de ce monsieur qui, malgré son grand âge, possède un esprit vif et lucide sur le monde dans lequel nous vivons. Son récit de vie nous a tous captivés. Et c'est, bouleversés par cette rencontre, que nous quittons le Mémorial de la Shoah.
Rouvière Morgane, Khei Hakim, Simon Chloé.
Durel Apolline, Hartnagel Chloë , Descheres Mathéo ,
1ère E1
Durel Apolline, Hartnagel Chloë , Descheres Mathéo ,
1ère E1