Photo prise lors de la représentation de la pièce Parole d'Etoiles
au lycée Bristol en mars 2013.
au lycée Bristol en mars 2013.
Madeleine Germain :
"mon parcours d'enfant survivant"
"Nous étions des enfants sages. Nous allions à l’école.
Les rues et les jardins publics accueillaient nos jeux.
Nous nous croyions comme les autres.
Puis la nuit s’est abattue sur nous, une nuit remplie de cauchemars et de frayeurs, d’arrachements et de vides.
Nos existences n’étaient plus balisées mais jetées aux quatre vents".
Dominique Rotermund,
Murmures d’enfants dans la nuit
Les rues et les jardins publics accueillaient nos jeux.
Nous nous croyions comme les autres.
Puis la nuit s’est abattue sur nous, une nuit remplie de cauchemars et de frayeurs, d’arrachements et de vides.
Nos existences n’étaient plus balisées mais jetées aux quatre vents".
Dominique Rotermund,
Murmures d’enfants dans la nuit
Je
suis une enfant cachée. Au moment de la déclaration de la guerre j’avais cinq
ans. Je suis la dernière d'une fratrie de trois filles. Ma mère était seule car
mon père est parti en Amérique latine ; elle est tombé malade et a dû être
hospitalisée. Ma grand-mère n'était pas capable de s'occuper de ses trois
petits enfants. Avec mes sœurs, nous avons été placées dans une institution de
la DASS où l’on est resté quelques mois.
Et puis, il y a eu la publication des lois anti-juives que le gouvernement de vichy a mises en place : nous n'avions ni le droit d'aller à l’école, ni dans les jardins...
Donc nous avons été chassées et nous avons été remises toutes les trois entre les mains d'une assistante sociale qui faisait partie de l’UGIF (l’Union Générale des Israélites de France) qui a été créée par Maréchal Pétain et avec laquelle le gouvernement de Vichy avait signé une convention. Cette convention est très particulière car, en réalité, en nous mettant entre les mains de l’UGIF, l’administration française avait donc toutes les données de nos identités. Le comble de tout cela, c’est que mes sœurs avaient étaient naturalisées à leur naissance. Mais moi, mes parents ne m'ont pas naturalisée donc j'ai fait partie de ces enfants qu'on a appelés « les enfants bloqués » parce que j’étais étrangère. Donc je devais être à la disposition des rafles car lorsqu'on un train de Drancy n’était pas complet, on venait piocher dans les maisons d'enfants pour compléter ce train.
J’étais toujours cachée, la plupart du temps dans le sac à linge sale. C'était une grande boite dans laquelle ils nous mettaient dès qu'il y avait une descente qui embarquait les enfants. J'ai donc été dans deux maisons d’enfants. On essayait de nous cacher dans les campagnes chez des gens qui voulaient bien accueillir des enfants juifs. Avec ma sœur aînée, j’ai connu dix-sept familles d’accueil. Certaines étaient gentilles. Elles accueillaient parfois beaucoup d'enfants à la fois.
C'était toujours les plus grands qui prenaient soins des petits. Nous allions à l’école communale où on a eu la chance d'avoir une institutrice exceptionnelle, républicaine et qui a tout de suite dit « on me marchera sur le corps mais je ne vous laisse pas partir ». Et ça c'était très rassurant pour nous.
La dernier dame chez laquelle nous étions était très très gentille. Elle nous a accueillies avec ses petits enfants et elle nous a traitées de la même façon que ses petits enfants. C'était le seul endroit pendant la guerre où je me suis sentie bien et où j’ai pu retrouver une place d'enfant, où j'ai pu jouer...
Quant à ma mère qui était malade, elle est tombée sur un médecin qui a trouvé qu'elle avait un accent bizarre. Il n’a pas voulu la soigner, il l’a même dénoncée. C'est ma sœur aînée qui est allée chercher maman à l'hôpital pendant une nuit, qui l’a sortie et qui a trouvé une cachette chez le marchand de journaux qui a accepté de la prendre. Ensuite, elle a trouvé une autre cachette dans laquelle ma mère est restée durant toute la guerre, C'était ma grande sœur qui prenait soin de ma mère car elle ne pouvait même pas s'allonger ou faire à manger. Après c'est la meilleur amie de ma sœur qui a pris le relais et grâce à elle, ma mère a pu survivre.
Voilà mon parcours d'enfant .
Chirine BANTOUR, 1ère L3
Et puis, il y a eu la publication des lois anti-juives que le gouvernement de vichy a mises en place : nous n'avions ni le droit d'aller à l’école, ni dans les jardins...
Donc nous avons été chassées et nous avons été remises toutes les trois entre les mains d'une assistante sociale qui faisait partie de l’UGIF (l’Union Générale des Israélites de France) qui a été créée par Maréchal Pétain et avec laquelle le gouvernement de Vichy avait signé une convention. Cette convention est très particulière car, en réalité, en nous mettant entre les mains de l’UGIF, l’administration française avait donc toutes les données de nos identités. Le comble de tout cela, c’est que mes sœurs avaient étaient naturalisées à leur naissance. Mais moi, mes parents ne m'ont pas naturalisée donc j'ai fait partie de ces enfants qu'on a appelés « les enfants bloqués » parce que j’étais étrangère. Donc je devais être à la disposition des rafles car lorsqu'on un train de Drancy n’était pas complet, on venait piocher dans les maisons d'enfants pour compléter ce train.
J’étais toujours cachée, la plupart du temps dans le sac à linge sale. C'était une grande boite dans laquelle ils nous mettaient dès qu'il y avait une descente qui embarquait les enfants. J'ai donc été dans deux maisons d’enfants. On essayait de nous cacher dans les campagnes chez des gens qui voulaient bien accueillir des enfants juifs. Avec ma sœur aînée, j’ai connu dix-sept familles d’accueil. Certaines étaient gentilles. Elles accueillaient parfois beaucoup d'enfants à la fois.
C'était toujours les plus grands qui prenaient soins des petits. Nous allions à l’école communale où on a eu la chance d'avoir une institutrice exceptionnelle, républicaine et qui a tout de suite dit « on me marchera sur le corps mais je ne vous laisse pas partir ». Et ça c'était très rassurant pour nous.
La dernier dame chez laquelle nous étions était très très gentille. Elle nous a accueillies avec ses petits enfants et elle nous a traitées de la même façon que ses petits enfants. C'était le seul endroit pendant la guerre où je me suis sentie bien et où j’ai pu retrouver une place d'enfant, où j'ai pu jouer...
Quant à ma mère qui était malade, elle est tombée sur un médecin qui a trouvé qu'elle avait un accent bizarre. Il n’a pas voulu la soigner, il l’a même dénoncée. C'est ma sœur aînée qui est allée chercher maman à l'hôpital pendant une nuit, qui l’a sortie et qui a trouvé une cachette chez le marchand de journaux qui a accepté de la prendre. Ensuite, elle a trouvé une autre cachette dans laquelle ma mère est restée durant toute la guerre, C'était ma grande sœur qui prenait soin de ma mère car elle ne pouvait même pas s'allonger ou faire à manger. Après c'est la meilleur amie de ma sœur qui a pris le relais et grâce à elle, ma mère a pu survivre.
Voilà mon parcours d'enfant .
Chirine BANTOUR, 1ère L3